Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs
Le 26 février 2002, il y a tout juste 3 mois, nous étions déjà ressemblés, ici, dans cette même salle à l'occasion de l'Assemblée générale consultative extraordinaire dont notre Comité avait demandé la convocation, appuyée par 439 signatures. Nous avions voulu alerter la communauté de notre Ecole sur la détérioration du climat de travail qui régnait alors, sur les disfonctionnements de la gestion financière qui a finalement abouti à une augmentation significative des frais de scolarité et de réinscription de nos enfants, à l'exception notoire, comme par hasard, de ceux des multinationales, sur la perte de leadership de l'Ecole en matière pédagogique ainsi que d'une manière plus générale, sur la perception négative par une grande majorité de la Communauté des performances de notre Ecole dans le domaine, en particulier, des relations humaines, comme l'atteste l'instauration de certains cas de mobbing, ainsi que sur des procédés inquiétants de gestion, dénoncés par un certain nombre de parents. Un bilan globalement négatif avait ainsi été établi et approuvé par environ 80% des quelques 500 personnes qui se trouvaient encore dans la salle à 1 heure du matin, ce 27 février 2002, à l'issue de l'Assemblée générale consultative extraordinaire lorsque, finalement, le Comité avait réussi à organiser le vote consultatif, jusque là empêché par le président de l'Assemblée, sur les mesures à prendre en vue de restaurer l'esprit et le bon fonctionnement de notre Ecole.
Depuis lors que c'est-il passé ?
- L'enquête en cours pour connaître l'origine du faux (reconnu comme tel par Madame Maccaud, ancienne directrice de l'Ecole primaire les Marronniers) qui se trouvait placé dans le dossier de Christophe Roux n'a encore rien donné et ses conclusions sont laissées à la discrétion de l'administration de l'Ecole.
- La communauté de l'Ecole n'a reçu aucune information officielle sur les résultats du vote de l'Assemblée générale consultative extraordinaire, ni de procès-verbal de cette Assemblée.
- La Fédération des Associations du personnel n'a pas été autorisée à communiquer à l'ensemble de la communauté sa réponse à la lettre que lui a adressée le Président du Board, M. John Boggs, le 21 mars 2002, contenant des accusations quant au malaise ressenti par l'ensemble de la communauté.
- Le Président du Board a également refusé, par une lettre en date du 5 mai 2002, au nom du Conseil de Fondation, d'octroyer à la Fédération des Associations de personnel l'accès au système de communication avec la communauté de l'Ecole.
- Enfin, le Committee of Concerned Members of the Community of the International School of Geneva a adressé le 21 mai, au Président du Board, une lettre dans laquelle il lui demande des informations précises quant à certains faits touchant au déroulement des élections destinées à remplacer trois membres du Conseil de Fondation, arrivés en fin de mandat et dont la presse locale fait état aujourd'hui même.
- A la suite de ces événements ainsi qu'en raison du fait que le Board avait décidé d'ignorer les recommandations de l'AGCE du 26 février, Monsieur Pierre-Alain Hirschy, vice-président du Board a donné sa démission avec effet immédiat, la semaine passée. Moi-même, cooptée au Board, le 2 mai dernier, à la demande de la Fédération des Associations de personnel, mais privée de pouvoir y siéger avec droit de vote jusqu'au mois de septembre, contrairement à l'usage, j'ai informé son Président, par une lettre en date du 21 mai, que je soumettais « mon entrée en fonction à la réponse que le Président donnera à la lettre que je lui ai adressée au nom du Committee of concerned Members of the International School of Geneva, le 21 mai 2002 au sujet des élections, et dont vous avez peut-être une copie entre les mains; il me serait, en effet, impossible d'exercer mon mandat si les pratiques qui nous interpellent aujourd'hui s'averraient exactes car elle portent atteinte à l'image et à la réputation morale de notre école. »
Pourquoi en suis-je arrivée à ces extrémités ? Pour ne parler que d'un cas que je connais particulièrement bien, le mien, j'ai été, comme Pierre-Alain Hirschy, élève dans cette école ; mes trois enfants y ont fait une partie de leur scolarité sans le soutien financier de mon employeur, ce qui n'a pas toujours été facile pour moi. Mais j'avais la conviction que seule cette Ecole permettrait à mes enfants non seulement de s'ouvrir à d'autres langues ou d'autres cultures, mais d'être élevés selon les principes d'égalité et de solidarité entre les peuples et de démocratie qui sont à la base de l'esprit Ecolint, et donc de la Charte de la Fondation. J'avais gardé de mes quatre années terminales à l'Ecolint, des convictions éthiques qui, aujourd'hui encore, me dictent mon devoir, même s'il est pour moi si difficile et surtout si douloureux de l'accomplir ce soir !
Dans notre Ecole, les professeurs nous ont toujours enseigné certaines valeurs, comme la franchise, le courage, la liberté d'expression, à condition que ce soit en toute honnêteté ;
Dans cette Ecole, nous avons toujours appris à nous exprimer sans avoir peur de l'interlocuteur, quel qu'il soit ; car dans notre Ecole le système pédagogique est basé sur la confiance réciproque entre élèves et adultes ;
Comment ces principes qui s'appliquent dans les relations entre élèves et professeurs ne peuvent-ils pas être la règle absolue dans les relations entre adultes ! Car, c'est précisément le contraire que nous observons en ce moment ! Et c'est là que réside la cause principale du malaise ressenti par l'ensemble de la communauté dont nos enfants, élèves de cette Ecole, commencent à pâtir. En effet, l'Ecole Internationale de Genève qui jouissait jusqu'à récemment d'une réputation internationale justifiée, n'est plus ce qu'elle était ! « L'esprit Ecolint » qui en est son fondement, et pour la défense duquel j'ai été cooptée au Board, est mis à rude épreuve par ceux-là même qui ont mission de le défendre !
C'est pourquoi, nous, anciens, tirons la sonnette d'alarme ! Nos enfants nous observent ! Nos enfants nous jugent d'après nos actes ! Comment dès lors, exiger d'eux qu'ils fassent les efforts nécessaires pour apprendre leur métier d'adultes responsables si nous, les adultes ne sommes pas capables de leur donner l'exemple, de faire prévaloir dans nos choix de vies des valeurs éthiques reposant sur l'effort, le respect mutuel et la démocratie face aux intérêts privés de certains groupes basés sur la toute puissance de l'argent ?
Dans ces conditions, comment vous, Monsieur le Président, et vous, Monsieur le Directeur général, ainsi que certains autres membres du Board que je ne nommerai pas, pouvez-vous continuer à agir comme vous le faites, avec autant d'arrogance en ayant perdu la confiance et la crédibilité d'une vaste majorité des collaborateurs de notre Ecole ainsi que celle d'une grande partie de sa communauté !
A titre personnel, et au regard de ce que représente cette Ecole à mes yeux, je suis profondément choquée et comme l'a dit Pierre-Alain Hirschy, et je ne me reconnais plus dans les instances dirigeantes de notre Ecole. Ce sentiment est profondément partagé non seulement par l'ensemble des membres du Comité dont je suis, ce soir à nouveau, le porte-parole, mais aussi par de très nombreux membres de la communauté élargie qui soutient notre Ecole.
Genève, le 28 mai 2002